Magic Wip Saison #2 : une programmation magique !
Riche en surprises, ouvert à tous, le magic Wip s’impose comme un carrefour de toutes les magies. La programmation de sa saison 2 en témoigne.
Propositions insolites et personnalités atypiques
Sans doute le spectacle le plus étonnant, From the Dark est présenté pour la première fois en France à cette occasion. Conçu initialement pour les personnes non-voyantes, il se déroule dans le noir. Déployée sans avoir à utiliser la vue, cette magie-là invite donc à vivre une expérience sensorielle inédite.
Le chilien Juan Esteban Varela se définit comme un « guide ». Y compris pour aveugles qui peuvent évidemment assister à la représentation : « Certes, ce sont les spectateurs qui font tout le travail gestuel. Moi, je ne fais qu’animer. Mine de rien, il m’a fallu une dizaine d’années pour préparer le spectacle, car il faut trouver le ton juste, instaurer un climat de confiance pour accompagner le public dans la réalisation des tours ».
Moins insolite, le close up (spécialité qui consiste à se produire très près des spectateurs) n’en demeure pas moins très prisé. Le magicien d’origine chinoise Bill Cheung a présenté son numéro totalement novateur, à base de Rubik’s cubes, grâce auquel il a été sacré champion du monde de magie en 2018 en Corée. Il collectionne les distinctions dans les compétitions internationales et l’on comprend pourquoi.
Autre technique qui plaît beaucoup : les jeux de cartes. Âgé d’une vingtaine d’années, le jeune français Meven Dumontier a développé un style et des techniques très personnels. Quant au jeune espagnol Roman Garcia, son répertoire varié en fait un des créateurs européens les plus originaux. Mentalisme, pièces, cartes…. ce touche-à-tout réalise des numéros visuels.
Magicien et juriste, Guilhem Julia invente de nouvelles techniques pour faire apparaître des poissons rouges. En même temps, il étudie la protection des secrets en magie et la notion de droit d’auteurs en prestidigitation. Cet artiste atypique nous fait découvrir ces deux aspects de sa personnalité.
Les créations de la compagnie Le Phalène
Thierry Collet (directeur de la compagnie Le Phalène, partenaire de la Villette dans le développement du Magic Wip) raconte son enquête sur le Barman du diable, un tour très ancien où le magicien fait apparaître les boissons favorites du public. Il l’illustre par les nombreuses versions qu’il a construites de ce tour, certaines totalement ratées, et d’autres diablement mystérieuses.
25 ans d’expérience ! Dans son laboratoire, Thierry Collet ne réussit pas tous les tours, volontairement, mais il retombe toujours sur ses pieds. Sans chichis ni tralala. Il livre quelques secrets, au passage, déconstruit en prenant le tour à l’envers, multiplie les boissons, comme Jésus les petits pains. Pourtant, il ne se prend jamais pour un Dieu. Son rapport à l’autorité est trop problématique…
En effet, depuis plus de dix ans, le mentaliste invente une magie qui questionne et active notre esprit critique, avec des spectacles comme Influences (2009), Qui-Vive (2012), Je clique donc je suis (2014) qui aborde la captation des données personnelles. On peut aussi y découvrir un spectacle créé en 2009, désormais repris par Lauren Legras : Vrai / Faux (rayez la mention inutile).
Est-ce qu’à force de vivre dans une même société, on se met tous à penser un peu les mêmes choses et à regarder dans la même direction ? Ce spectacle de mentalisme interroge ce qui conditionne nos goûts et nos choix. Cela revête les apparences de la logique pure, mais « ce qui est sûr, c’est qu’on est sûr de rien ! », assure la magicienne, qui préfère décidément poser des questions que d’apporter des réponses. Tiens ! Une femme, c’est rare dans ce métier essentiellement masculin.
Pour sa dernière création, Dans la peau d’un magicien, Thierry Collet croise récit de vie et tours de magie bluffants, dont il nous révèle certains secrets. Pourquoi devient-on magicien ? Comment apprendre ? À 52 ans, Il ne dit pas tout. Il ne montre pas tout. Quoique !
En se dévoilant, le magicien invite les spectateurs à une rencontre très personnelle, entremêlant les mystères de cet art et de la vie et en jouant, comme toujours, avec l’imaginaire du public. Un spectacle troublant, dans lequel il tisse de subtils liens entre l’artisanat technique des magiciens et l’art du théâtre. Un geste rare que cette mise à nu, car Thierry Collet interroge la nature de l’expérience magique dans le plus simple appareil. Pas si simple, vous verrez ! Un coup de maître, assurément.
Sarah Meneghello
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